Un four est né!

Après des semaines de discussions téléphonique et de coin de table, de plans sur feuilles volantes, de neurones survoltés ; le beau mois d'Août voit arriver à Bannalec, Jérôme Colivet, potier aux Chemins Creux, bien décidé à en découdre avec ces palettes de briques...

Et c'est avec cet (infatigable!) ingénieur en chef, que je commence la construction de mon four à bois, muni d'un alandier expérimental, tout droit sorti des observations de fours de métallurgie à ventilation naturelle (employés lors de la fonte de métaux non-ferreux comme le bronze) et de l'imaginaire de Jérôme...
L'originalité de cet alandier (ou chambre de chauffe) est sa conception sur trois niveaux: un cendrier, un brasier sur soles percées, et un niveau de barres de fer soutenant le bois. Ainsi, l'air qui entre dans le four est-il toujours préchauffé, et le niveau de soles percées permet aux braises de se consumer entièrement, laissant le cendrier quasi-vide en fin de cuisson.
Ou comment monter à 1280° en 7h...!

Bien sûr, ce four n'est pas conçu, contrairement aux fours dits anagama, pour créer de gros dépôts de cendres sur les pièces de poterie...
Mais il permet une cuisson complète et rapide avec de beaux flammés, et de légers dépôts de cendres.
A chacun de trouver le four qui va avec les résultats voulus...

Nous tenons tout particulièrement à ce que ce four ait un plan accessible à tous...
Vous trouverez des détails de construction sur la page Facebook de Jérôme: ici
Et dans cet article, je partage avec vous les photos (toutes prises par le multi-tâches Jérôme) de l'élaboration de mon four.



Une tranchée est préalablement creusée. 
Puis nous avons monté à blanc le premier rang du cendrier, avant d'ajuster toutes nos mesures sur la future plaque de sole (ici 55 cm).





Le cendrier est fini! Il est, comme le reste du four, maçonné à la terre argileuse.



La bonne consistance du mortier...





Nous voyons ici deux niveaux: 
Le brasier: la marche laissée vacante dans la maçonnerie recevra les plaques de soles percées.
Le dernier niveau de l'alandier, celui des barres de fer : elles seront logées entre les demies briques et scellées au mortier.






Les demies briques sont recouvertes et laissent place au premier niveau de la chambre de chauffe.





Bientôt suivi du second...



A noter au passage que, pour plus de confort à la cuisson, l'alandier est monté en encorbellement.







De petits piliers de soutènement faits maison, viennent faire leur office...







L'alandier est complet avec ses trois niveaux...
Il me tarde déjà de l'essayer et de tester la gourmandise de ce four!




Passage de flammes...



Nous savons déjà que les fours à bois haute température sont souvent ferraillés pour pouvoir tenir la tension occasionnée par la chaleur.
Nous décidons d'essayer en utilisant des contreforts faits de briques plâtrières double.
L'arrière du four sera également renforcé de cette manière plus tard.




En prévision de la "porte" qui fermera le brasier durant toute la cuisson, une brique est laissée à dépasser de chaque côté.




Il reste des briques!!
Ça tombe bien, nous nous apprêtons à gagner les hauteurs!
Nous monterons les niveaux suivants, dédiés à l'espace d'enfournement selon un plan classique, dit four phoenix.
Le nom m'a toujours plu...
Et ce phoenix là a un sacré nid désormais!



Le niveau de sole est appuyé sur l'alandier et sur les contreforts, nous permettant ainsi de récupérer la bonne mesure pour appuyer la plaque de sole et construire les parois de l'espace d'enfournement.



Le passage de flammes devient de plus en plus évident...




Le tout est maçonné, et on ajoute un rang pour rejoindre l'arrière du four et permettre la montée des parois de l'espace d'enfournement.
Deux briques marquent l'emplacement de la cheminée.
Ainsi, le trajet de la flamme sera guidé depuis l'arrière du four vers l'avant,
 produisant ce que nous appelons une flamme bouclée, 
laquelle s'épanouit dans tout le four et touche toutes les poteries.




C'est un peu un grand jeu de construction...
On fait des forts, comme dans l'enfance...
Et on ne prévoit pas toujours de se laisser enfermer!



Le four commence à prendre vraiment forme!
La sole est posée, la cheminée et ses carneaux s'esquissent.



Nous avons doublé la plaque formant le pont qui soutient la cheminée.



On monte! On monte!
Après deux rangs de briques lourdes à plat, qui permettent de finir joliment l'encorbellement,
nous commençons les rangs à champ.
Ce premier rang est également en briques lourdes.



Les rangs suivants sont montés en briques "extra", plus légères, mélange d'alumine et de kaolin,
deux matières également très réfractaires.
On peut noter deux espaces vides, sur chacun des murs latéraux, et un autre sur le mur arrière,
ce sont des regards.
Ainsi, il est possible de contrôler le bon déroulement de la cuisson et surtout, la tombée des montres, qui nous indiquent la température atteinte.
Mais c'est une autre histoire...




On joue quand même, ce dur labeur étant aussi la promesse de belles cuissons!
Ces demies briques extra sont les carneaux de la cheminée.





Trois rangs à champ de briques "extra" terminent l'espace d'enfournement et la cheminée.






A l'intérieur, aussi, c'est fini!
Ces carneaux permettent un meilleur tirage et, par conséquent, une bonne circulation des flammes.




Il reste toujours possible de les obstruer...




Il est l'heure d'un nouveau rang de contreforts.
Découpés à la mesure de la "marche", et des regards!




La sonde se situe sur le mur opposé, et un trou a également été percé afin de permettre son passage.





A mon tour d'établir campement à l'intérieur du four!
Toutes les briques doivent être nettoyées. Ainsi, je pourrais repasser un joint de grès blanc.
En effet, cet espace va recevoir le plus gros de la chaleur.





Ultimes étapes:
Poser les soles percées, réalisées en faïence rouge chamottée, et cuites une fois à 800°, dans le premier petit feu qui a servi à sécher le four.
Et la pose du torchis, fait de paille et de mortier d'argile et de cette abondante ressource qu'est le caillou.





Par la suite, deux rangs supplémentaire de brique plâtrière simple seront maçonnés pour augmenter la cheminée.

Comme vous le voyez, les poteries attendent d'être enfournées...!
Deux cuissons ont déjà eu lieu, couronnées de succès!

Dans un prochain article, vous pourrez voir les enfournements, cuissons et défournements de ces pièces.


Vous pouvez suivre mon travail également ici
N'hésitez pas à poser toutes vos questions à cette adresse: clairebriantpoterie@gmail.com
Vous pourrez également y demander le catalogue de mes céramiques...

A très bientôt!


















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